Les minières de Larreulet

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Proches de la forge d’Asson, ouvertes sur le flanc droit du vallon de l’Arriusec, ces minières ne furent utilisées que jusqu’à l’acquisition de la mine de Baburet par les Incamps.

La « myne », désignée par le terme minières de Larreulet [1] dans l’acte de 1588 qui autorisait Antoine d’Incamps à rebastir sa ferrarie deu loc d’Asson en sa propry terre aperade l’artigue de Crosta [2] , est située à environ une demi-heure de marche de la « ferrarie » ou forge d’Asson.

Sur le flanc sud du Soum de Camlong, à une altitude de 440 m, une minière [3] a été exploitée au pied d’une petite falaise de dolomies noirâtres d’âge callovo-oxfordien (Jurassique, 150 M.A.) [4] . Sur une quarantaine de mètres, le pied de la falaise a été déblayé et excavé pour en extraire un minerai de fer, une limonite, qui se présente sous forme d’une roche tendre, friable, de couleur jaune à brun-clair [5] . Deux amorces de galeries (ou des cavités naturelles déblayées ?) s’enfoncent de quelques mètres sous le pied de l’escarpement. La bande de calcaires dolomitiques se développe de l’Est à l’Ouest sur le flanc du Soum de Camlong : il existe peut-être d’autres grattages de moindre importance.

Coordonnées géographiques : 43.068597 , -0.240276
Altitude : 440 m.

Une courte galerie de mine (30 m), s’ouvre au dessus de cette minière (alt. 642 m).

Coordonnées géographiques : 43.070266 , -0.237394
Altitude : 642 m.

La quantité de minerai enlevée est apparemment peu importante, de l’ordre de quelques 300 mètres cubes, soit un millier de tonnes environ. Cette faible extraction d’un minerai de piètre qualité, ne put durablement alimenter la forge d’Antoine d’Incamps. Le traitement de ce type de minerai est, en effet, plus complexe que celui des hématites – comme celles tirées de la mine de Baburet. On doit d’abord le « calciner » pour éliminer la gangue calcaro-siliceuse. La « forge » devait donc comporter un four de calcination, semblable à un four à chaux, et un foyer de réduction. La réduction nécessite l’usage de castine [6].

Selon les termes de l’acte de 1588, cette mine aurait été exploitée avant cette date. D’autres documents [7] suggèrent qu’une forge existait au même emplacement de l’Artigue de Croste en 1548 et avant. La pauvreté du gisement de Larreulet et les difficultés de traitement de son minerai conduisirent Henri d’Incamps, fils d’Antoine d’Incamps, à acquérir, en 1612, la mine de Baburet.

La forge d’Asson et les minières de Larreulet. © Émile Pujolle

Le schéma indique – sur fond de carte IGN moderne au 1/25 000 – l’emplacement des lieux cités dans l’acte de 1588 : la maison deu Bordiu appartenant à Antoine d’Incamps, l’artigue de Croste, rive gauche de Loson (l’Ouzom) où est bâtie la ferrarie (ou forge) – non loin du molin d’Arressec – et les minieres de Larreulet.

La bande de calcaires dolomitiques qui coupe le flanc sud du Soum de Camlong est bien visible sur les vues aériennes de Géoportail (Arthez-d’Asson) … et sur le terrain, naturellement.

– Voir sur la carte géologique d’Arthez-d’Asson le niveau de dolomies noires (étage j7-3 callovo-oxfordien) autour des minières, dolomies qui dominent également l’usine de l’Artigue de la Borde où elles ont été exploitées pour la production de dolomie frittée.

Articles connexes

Antoine d’Incamps

Les seigneurs de Louvie

La forge d’Asson

Acte d’affièvement de la ferrarie d’Asson à Antoine d’Incamps (1588).

Notes

[1] Larreulet ou lagreulet, selon les citations dans l’acte de 1588 : le toponyme désigne une houssaie, un lieu planté de houx, de l’occitan-béarnais lagreulet. On se trouve sur une pente dénudée, sans couvert forestier : celui-ci a probablement disparu à la suite de l’exploitation intensive des forêts pour la fabrication du charbon de bois utilisé dans les forges.

[2] Rebâtir sa forge d’Asson sur sa propre terre appelée l’Artigue de Croste. Une « artigue » est un pâturage humide ou marécageux situé en bordure de rivière.

[3] Le terme minière désigne une exploitation de minerai à « ciel ouvert » ou par des galeries de peu d’importance.

[4] Carte géologique au 1/50000, Lourdes, BRGM, 1971.

[5] Il s’agit d’un minerai oolithique ferrugineux ressemblant à la « minette » de Lorraine. Ces limonites ont une teneur en fer qui ne dépasse guère 30 %.

[6] Castine : calcaire broyé utilisé comme fondant mélangé au minerai introduit dans le foyer de réduction.

[7] Archives nationales, F14 4458, Lettre d’Armand d’Angosse au Conseil des mines, 6 thermidor an VI ( 24 juillet 1798).

Révisé le 16 mars 2023. 30 mars 2008 par Émile Pujolle