L’espadrille à Bruges

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Un métier disparu

L’espadrille, ou sandale, reste attachée aujourd’hui à Mauléon au Pays Basque. Beaucoup de gens ignorent encore qu’elle fut l’objet d’une industrie florissante à Bruges, ancienne bastide voisine de Nay.

Sandaliers, auteur inconnu

Les sandaliers de Bruges sont plus que de simples ouvriers, ils étaient ouvriers qualifiés ; ce qui est d’une grande importance à l’époque. Ils exerçaient le métier d’ouvrier-sandalier et étaient reconnus pour la qualité de leur travail. Ce qui était la plus grande différence avec les ouvriers de la sandale de Mauléon ou d’Oloron, qui étaient alors moins payés.

Les sandaliers travaillaient à l’usine ou à domicile. Les hommes fabriquaient les semelles de corde et les grandes coutures. Il s’agissait du travail le plus difficile. Les femmes cousaient l’empeigne de toile, de couleur bleue, noire ou blanche ; le blanc étant réservé à la fête. Enfin, les enfants réalisaient les paquets de douze paires d’espadrilles après l’école et se chargeaient de les amener à l’usine. Ceux qui travaillaient à domicile utilisaient un banc caractéristique, et travaillaient souvent dehors, devant la maison afin de discuter avec les voisins.

Quelques quartiers étaient spécialisés dans la fabrication à domicile comme le quartier Maubecq et la rue de la Poste.

Le travail était saisonnier. En effet, les machines des usines Geyré et Etchépare fonctionnaient avec un système hydraulique. L’été, faute d’eau, le travail s’arrêtait et les ouvriers partaient faire la saison dans les hôtels de Lourdes, Cauterets ou sur la côte basque comme valet ou femme de chambre. Une seule usine était électrifiée dès sa création dans les années 30, celle de Bédat (quartier Maubecq). Malgré l’électrification générale du village dans les années 30, la tradition de faire la saison s’est conservée pendant très longtemps.

Bruges. Usine Etcheparre

Le travail consistait en cinq gestes principaux :

    1. la corde de chanvre arrivait en rouleau. Il fallait la tresser, puis la rendre plane et régulière
    2. elle étaient enroulée sur une forme à la pointure choisie
    3. les hommes cousaient la semelle
    4. la toile était posée
    5. les sandales étaient ensuite conservée sur des formes en bois

Aujourd’hui, les espadrilles ne se fabriquent plus qu’à Mauléon. Il existe encore six fabriques d’une à trois personnes. Elles continuent encore à employer des ouvrières à domicile. Ces fabriques se sont regroupées sous la marque Paris Gabia, elles ont modernisées leurs modèles, leurs formes, leurs couleurs et travaillent même pour la haute couture.

Affiche publicitaire: espadrilles Prodiso (Mauléon)

Version béarnaise

Los de Brutges que son shens que obrèrs sandalèrs mes obrèrs qualificats. Qu’exerçan lo mestièr de sandalèr ; que son reconoshuts per la qualitat deu tribalh.

Qu’ei la mei grana diferencia dab los de Mauleon o d’Auloron que ne son pas sonque obrèrs, e donc que son mensh pagats.

Los sandalèrs que tribalhan a la fabrica o a casa. Los òmis que fabrican las semèlas e las granas costuras. Qu’ei lo tribalh lo mei mauseit. Las hemnas que prefiren hicar la tela de color blu, negra o blanca ; lo blanc qu’ei tà las hestas Enfin, los mainades que hèn los paquets de dotze pars d’espartenhas après l’escòla, et que van amiar las a la fabrica. Los obrèrs que son pagats a la dotzena de pars. Los qui demoran a casa, obran dessùs un banc dens la carrera tà devisar dab los autes.

Quauques quartiers que son especialidats dens la fabrication d’espartenhas com Maubecq o la carrera de la posta.

Lo tribalh qu’ei de saison. Las maquinas de Geyré et Etchepare que functionan dab un systema hydraulica, e l’estiu n’i a pas pro d’aigua tà los tors. Donc, las fabricas que s’estancan. Lo monde qu’ana tribalhar a los hostalarias de Lordes, Cauteret o sus la costa com goya o vailet. Maugrat a l’electrification de Brutges, en los ans trenta, la tradition d’anar tà har la saisonson que se conserve.

Lo tribalh que consisti en cinq gestes principaus :

    1. la corda qu’arriva en rotleu que passa entre dus carats tà la har plana e regular
    2. la corda que se rotla sus ua forma
    3. los òmis que costuran la semèla dab ua grana gulha
    4. la tela de lin o de cambet, o après de cuer, qu’ei costurada
    5. enfin las espartenhas que son conservadas sus formas de husta.

Uei, la espartenhas ne se fabrican pas mei qu’a Mauleon. Qu’existen seis fabricas de un a tres obrers. Mes que continuan a emplegar hemnas a casa tà las finitions. Las fabricas que s’amassan dab la marca Paris Gabia. Que modernisan las soas productions dab modèles, formas e colors modernes. Las espartenhas que son tot dia portadas peus dançaires bascos e tanben peus las mannequins de hauta costura.

samedi 1er mars 2008 par Sophie Escudé-Quillet