Bonnecaze. « Histoire particulière » d’Asson, Arthés, Capbis, des forges…

, , ,
Jean Bonnecase (1726-1804), chapelain des forges
Curieux récits d’attentats et de meurtres

Nous publions ici deux extraits de l’Histoire particulière des Villes, Bourgs et Villages principaux du Béarn, par Jean Bonnecaze, prêtre.

– On trouvera, en document joint, la description que Bonnecaze fit d’Asson, avec des considérations savoureuses sur le « caractère et naturel des anciens habitants d’Asson » et sur leurs tentatives vraies ou légendaires d’assassinat de Louis d’Incamps. Quelques mots aussi sur « ceux d’Arthés », l’actuel Arthez-d’Asson, et la curieuse date de la fête paroissiale de cette communauté.

– Nous reproduisons aussi l’article « Capbis » qui décrit le meurtre de l’abbé de Sauvelade, grande histoire dramatique de la vallée de l’Ouzom : une partie de l’action se déroula à quelques centaines de mètres du château des forges, dans la maison Larreu, peu de temps après les tentatives d’assassinat évoquées plus haut. Le document irremplaçable pour cette histoire est toutefois celui que Bonnecaze transcrivit et qui fut publié plus tard dans « Variétés béarnaises ».


ASSON, avec des considérations sur les habitants d’Asson et le récit des attentats contre Louis d’Incamps, p. 8 à 12 et 78-79.

CAPBIS, avec un récit de l’assassinat de l’abbé de Sauvelade, p. 80 à 83.


Jean Bonnecaze

Jean Bonnecaze naquit à Pardies le 20 mars 1726 et y mourut le 17 brumaire an XIII (8 novembre 1804). Il fut ordonné prêtre en 1760, et fut successivement vicaire d’Asson, de Moncaup, chapelain aux forges d’Asson, et enfin curé d’Angos [1] et Argelos.

De 1770 à 1780, il fut « prêtre chapelain » aux forges d’Asson. Outre des fonctions sacerdotales, il fut aussi précepteur des deux très jeunes garçons de Jean-Paul d’Angosse, Charles (né le 4 octobre 1774) et Armand (né le 27 février 1776). À partir 1777, il écrivit un curieux « testament politique », une autobiographie. Il décrit son itinéraire, depuis son voyage à Saint-Jacques de Compostelle, jusqu’à ses fonctions de vicaire d’Asson, puis de chapelain aux forges et enfin, à partir de 1780, de prêtre à Angos, cure obtenue grâce à l’intervention de Jean-Paul d’Angosse. Ses « mémoires » s’arrêtent là.

Son autobiographie fut publiée dans les Études historiques et religieuses du diocèse de Bayonne, cinquième année, 1896, sous le titre « Autobiographie de Jean Bonnecaze de Pardies, curé d’Angos » [2].

On a quelques renseignements sur la suite de sa vie, par des allusions plus ou moins claires dans les Études historiques et religieuses du diocèse de Bayonne : « L’abbé Bonnecaze, prêtre assermenté et autre chose hélas ! avait été agent de la commune [de Pardies] pendant la Révolution. Son agence donna lieu à de nombreuses plaintes de malversations de deniers publics ». En fait Bonnecaze se trouvait pris dans une affaire très confuse de propriété de la chapelle de Piétat [3], affaire dans laquelle il avait mélangé ses fonds propres à ceux de la commune [4]. Toute sa vie, Bonnecaze avait voulu acquérir des terres dans son village natal.

L’allusion « et autre chose hélas ! » fait référence à deux faits marquants – et scandaleux aux yeux des catholiques traditionnels, encore cent ans après [5].

Lorsque la Révolution éclata, Bonnecaze en épousa avec ardeur toutes les idées. Il prêta serment et composa un catéchisme républicain dans lequel il exaltait la liberté et s’en prenait aux « demi-dieux » qui se font appeler Sa Grandeur, Sa Majesté, Son Excellence, Monseigneur, etc…

Plus grave, aux yeux de ses contempteurs, le 3 brumaire an II (24 octobre 1793), il épousa, à 67 ans, Jeanne Malet, et s’en vanta publiquement. Il fut chaudement félicité par la « Société des Amis de la Liberté et de l’Égalité » de Pau pour « l’acte de civisme de ce citoyen qui ne reconnait pour son culte que la Raison et pour morale, la Liberté et l’Égalité ».

Bonnecaze resta « curé constitutionnel » et se retira, en 1795, à Pardies. C’est à ce moment là qu’il devint « agent de la commune ». Il se fit bâtir une chapelle privée, qu’il consacra lui-même.

Jean Bonnecase écrivit beaucoup, recopiant ou composant. Il est l’auteur d’une histoire de la chapelle Notre-Dame de Piétat, du catéchisme républicain cité ci-dessus, et d’une compilation de documents intitulée « Variétés béarnaises » par l’abbé Dubarat qui les publia [5]. C’est dans ces « Variétés » que Bonnecaze fit le point sur le meurtre de l’abbé de Sauvelade par les gens d’Asson.

Histoire particulière des Villes, Bourgs et Villages principaux du Béarn

Bonnecaze écrivit ce gros document qui ne fut connu et publié qu’une centaine d’années plus tard sous le titre « Histoire particulière des Villes, Bourgs et Villages principaux du Béarn ». Cette histoire est limitée à un certain nombre de villages de la plaine de Nay. On y trouve notamment Asson, Capbis, Bruges, Clarac… Ces chroniques furent publiées dans les Études historiques et religieuses du diocèse de Bayonne, huitième et neuvième années année, 1899-1900 [6].

Dans cette « Histoire », peu soucieux d’exactitude historique, Bonnecaze « règle aussi ses comptes » avec ses nombreux ennemis ou ceux qu’il considère comme tels. Peu de personnes trouvèrent en effet grâce à ses yeux : Jean-Paul d’Angosse fut de ces heureux élus…

Les portraits des villages et des villageois n’y manquent ni de saveur… ni de méchanceté.

L’image mise en avant

L’église de Saint-Paul d’Asson fut érigée vers 1689 par Paul d’Incamps (1656-1735), selon un plan classique inspiré des églises romanes, avec un clocher carré.

En 1906, elle fut démolie et remplacée par l’église actuelle d’Arthez-d’Asson. La carte postale est antérieure à 1906.

Notes

16 juillet 2008 par Émile Pujolle